Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/29

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Cette période de notre histoire est une des plus épineuses à traiter. Alors se forment une multitude de souverainetés dépendantes, soit de la France, soit de l’Empire, elles-mêmes partagées en une foule de fiefs ou de souverainetés subalternes. L’historien perd à chaque pas le fil qui peut le guider dans cet inextricable labyrinthe. Il ne sait comment réunir sous un même point de vue des événements qui n’ont point entre eux de relations visibles. Cependant, en étudiant attentivement les faits, il trouvera quelquefois un lien secret entre des états qui n’agissaient point encore avec ensemble, ni d’après les principes d’une politique circonspecte et constante, et qui semblaient, comme leurs sauvages fondateurs, céder à des passions instantanées ou se jouer dans leur force et leur liberté. L’art consistera à changer de centre d’observation sans secousse et sans désordre ; à grouper successivement les faits autour de la Flandre, du Hainaut et du Brabant ; à passer avec adresse des murs de Gand et de Bruxelles dans ceux de Liége, et à chercher l’explication de plusieurs faits en dehors de nos limites, tantôt à Rome, cette capitale du monde, tantôt en Angleterre, en France ou en Allemagne, tantôt même dans la péninsule ibérique.

Un ingénieux écrivain, qui prête sa collaboration à un recueil encyclopédique très-remarquable par l’originalité et quelquefois aussi par l’accord harmonieux des doctrines, disait dernièrement que la Belgique n’existe pas, n’a jamais existé, et que si le contraire avait eu lieu, c’eût été le Brabant qui, en raison de son étendue et de sa position centrale, eût été le foyer du mouvement et de la vie ; mais que