Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/30

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l’histoire du Brabant, ainsi que celle de toute la Belgique, ne s’est faite qu’à Paris.

Quoique cette proposition, bien que tranchante, soit très-contestable et ait été dictée peut-être par le désir qu’éprouvent nos voisins de nous réduire à une sorte de vassalité, nous en adopterons une partie en convenant que notre histoire dépasse nos frontières, et que si beaucoup de faits partent de nous, beaucoup aussi sont produits par des causes extérieures que nous ne découvririons jamais en nous isolant de l’étranger. En thèse générale l’histoire ne doit point faire le vide autour d’une nation, sous peine d’étouffer aussi son principe de vitalité. Un peuple ne demeure point suspendu, comme le tombeau de Mahomet, entre le ciel et la terre ; il tient à mille choses et n’est pas impunément fraction de l’humanité.

L’unité reparaît au moyen-âge avec les croisades qui portent le nom belge à Constantinople et à Jérusalem, avec l’émancipation des communes, ce grand fait qui domine tous les autres et amène le développement prodigieux du commerce et de l’industrie : liberté, industrie, commerce, loi bienfaisante de notre civilisation !

Cette époque exige une exposition savante et des études ardues ; elle est la plus riche, la plus variée, la plus glorieuse de nos annales. Pendant sa durée on assiste aux exploits merveilleux, aux dévouements enthousiastes de la chevalerie, aux rivalités de la noblesse, aux commotions de nos grandes communes, aux entreprises audacieuses de ces bourgeois qui avaient leurs bannières comme les chevaliers et maniaient l’épée et la lance avec autant d’intrépidité