Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/322

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la Bretagne. Ainsi, à la même époque et pendant le cours des mêmes événements, le territoire et l’esprit national se forment ensemble ; la France morale et la France matérielle acquièrent ensemble de la force et de l’unité.

Passons de la nation au gouvernement ; nous verrons s’accomplir des faits de même nature ; nous avancerons vers le même résultat. Jamais le gouvernement français n’avait été plus dépourvu d’unité, de lien, de force, que sous le règne de Charles VI, et pendant la première partie du règne de Charles VII. À la fin de ce règne toutes choses changent de face. C’est évidemment un pouvoir qui s’affermit, s’étend, s’organise ; tous les grands moyens de gouvernement, l’impôt, la force militaire et la justice, se créent sur une grande échelle et avec quelque ensemble. C’est le temps de la formation des milices permanentes, des compagnies d’ordonnance, comme cavalerie, des francs archers, comme infanterie. Par ces compagnies, Charles VII rétablit quelque ordre dans les provinces désolées par les désordres et les exactions des gens de guerre, même depuis que la guerre avait cessé. Tous les historiens contemporains se récrient sur le merveilleux effet des compagnies d’ordonnance. C’est à la même époque que la taille, l’un des principaux revenus du roi, devient perpétuelle ; grave atteinte portée à la liberté des peuples, mais qui a puissamment contribué à la régularité et à la force du gouvernement. En même temps le grand instrument du pouvoir, l’administration de la justice, s’étend et s’organise ; les parlements se multiplient ; cinq nouveaux parlements sont institués dans un très