Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/328

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avaient échoué dans l’organisation de la société. Ce qui fait la vie sociale, c’est la sécurité et le progrès. Tout système qui ne procure pas l’ordre dans le présent, et le mouvement vers l’avenir, est vicieux et bientôt abandonné. Tel fut au quinzième siècle le sort des anciennes formes politiques, des anciennes libertés européennes. Elles n’avaient pu donner à la société ni la sécurité, ni le progrès. On les chercha ailleurs ; on les demanda à d’autres principes, à d’autres moyens. C’est là le sens de tous les faits que je viens de mettre sous vos yeux.

De la même époque date un autre fait qui a tenu beaucoup de place dans l’histoire politique de l’Europe. C’est au quinzième siècle que les relations des gouvernements entre eux ont commencé à devenir fréquentes, régulières, permanentes. Alors se sont formées pour la première fois ces grandes combinaisons d’alliance, soit pour la paix, soit pour la guerre, qui ont produit plus tard le système de l’équilibre. La diplomatie date en Europe du quinzième siècle. En fait, vous voyez vers la fin de ce siècle les principales puissances du continent européen, les papes, les ducs de Milan, les Vénitiens, les empereurs d’Allemagne, les rois d’Espagne et les rois de France se rapprocher, négocier, s’entendre, s’unir, se balancer. Ainsi, au moment où Charles VIII fait son expédition pour aller conquérir le royaume de Naples, une grande ligue se noue contre lui entre l’Espagne, le pape et les Vénitiens. La ligue de Cambrai se forme quelques années plus tard (en 1508) contre les Vénitiens. La sainte ligue, dirigée contre Louis XII, succède en 1511 à la ligue de Cambrai. Toutes ces