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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/327

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là même où le nom demeure, le pouvoir se concentre aux mains d’une ou de quelques familles ; la vie républicaine s’éteint. Dans le nord de l’Italie, presque toutes les républiques lombardes disparaissent dans le duché de Milan. En 1434, Florence tombe sous la domination des Médicis. En 1464, Gênes devient sujette du Milanais. La plupart des républiques, grandes et petites, font place aux maisons souveraines. Bientôt commencent sur le nord et le midi de l’Italie, sur le Milanais d’une part, et le royaume de Naples de l’autre, les prétentions des souverains étrangers.

Sur quelque pays de l’Europe que se portent nos regards, quelque portion de son histoire que nous considérions, qu’il s’agisse des nations elles-mêmes ou des gouvernements, des institutions ou des territoires, nous voyons partout les anciens éléments, les anciennes formes de la société près de disparaître. Les libertés traditionnelles périssent ; des pouvoirs nouveaux s’élèvent, plus réguliers, plus concentrés. Il y a quelque chose de profondément triste dans ce spectacle de la chute des vieilles libertés européennes ; il a inspiré de son temps les sentiments les plus amers. En France, en Allemagne, en Italie surtout, les patriotes du quinzième siècle ont combattu avec ardeur et déploré avec désespoir cette révolution qui de toutes parts faisait surgir ce qu’ils avaient droit d’appeler le despotisme. Il faut admirer leur courage et compatir à leur douleur ; mais en même temps il faut comprendre que cette révolution était non-seulement inévitable, mais utile. Le système primitif de l’Europe, les vieilles libertés féodales et communales