Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/334

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et continue le travail réformateur du concile de Constance ; il n’y réussit pas mieux. Le schisme éclate dans l’intérieur de l’assemblée comme dans la chrétienté. Le pape transporte le concile de Bâle à Ferrare, et ensuite à Florence. Une portion des prélats refuse d’obéir au pape, et reste à Bâle, et de même qu’il y avait naguère deux papes, il y a deux conciles. Celui de Bâle continue ses projets de réforme, nomme son pape, Félix V ; au bout d’un certain temps se transporte à Lausanne, et se dissout en 1449 sans avoir rien fait.

Ainsi la papauté l’emporte ; c’est elle qui reste en possession du champ de bataille et du gouvernement de l’Église : le concile n’a pu accomplir ce qu’il avait entrepris ; mais il a fait des choses qu’il n’avait pas entreprises et qui lui survivent. Au moment ou le concile de Bâle échoue dans ses essais de réforme, des souverains s’emparent des idées qu’il a proclamées, des institutions qu’il a indiquées. En France, et avec les décrets du concile de Bâle, Charles VII fait la Pragmatique Sanction qu’il proclame à Bourges en 1438, elle consacre l’élection des évêques, la suppression des annates et la réforme des principaux abus introduits dans l’Église. La Pragmatique Sanction est déclarée en France loi de l’État. En Allemagne, la diète de Mayence l’adopte en 1439, et en fait également une loi de l’Empire germanique. Ce que le pouvoir spirituel a tenté sans succès, le pouvoir temporel semble décidé à l’accomplir.

Nouveau revers des projets réformateurs. Comme le concile avait échoué, de même la Pragmatique échoue ; elle périt très-promptement en Allemagne ;