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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/341

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DOUZIÈME LEÇON.

Objet de la leçon. — Difficulté de démêler les faits généraux dans l’histoire moderne. — Tableau de l’Europe au seizième siècle. — Danger des généralisations précipitées. — Causes diverses assignées à la Réforme. — Son caractère dominant est l’insurrection de l’esprit humain contre le pouvoir absolu dans l’ordre intellectuel. — Preuves de ce fait. — Destinées de la Réforme. — Des Jésuites. — Analogie des révolutions de la société religieuse et de la société civile.



Messieurs,

Nous avons souvent déploré le désordre, le chaos de la société européenne ; nous nous sommes plaints de la difficulté de comprendre et de peindre une société ainsi éparse, incohérente, dissoute. Nous avons attendu, invoqué avec impatience le temps des intérêts généraux, de l’ordre, de l’unité sociale. Nous y arrivons, nous entrons dans l’époque où tout se résume en faits généraux, en idées générales, dans l’époque de l’ordre et de l’unité. Nous y rencontrerons une difficulté d’un autre genre. Jusqu’ici, nous avons eu peine à lier entre eux les faits, à les coordonner, à saisir ce qu’ils avaient de commun, à y démêler quelque ensemble. Tout se tient au contraire dans l’Europe moderne ; tous les éléments, tous les incidents