Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/365

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un grand développement social, la société religieuse se place sous un gouvernement essentiellement aristocratique ; c’est le corps du clergé, ce sont les évêques, les conciles, l’aristocratie ecclésiastique qui la gouvernent. Un fait de même nature arrive dans la société civile, au sortir de la barbarie, c’est également l’aristocratie, la féodalité laïque qui s’empare de la domination. La société religieuse sort de la forme aristocratique pour entrer dans celle de la monarchie pure : c’est le sens du triomphe de la cour de Rome sur les conciles et sur l’aristocratie ecclésiastique européenne. La même révolution s’accomplit dans la société civile ; c’est également par la destruction du pouvoir aristocratique que la royauté prévaut et prend possession du monde européen. Au seizième siècle, dans le sein de la société religieuse, une insurrection éclate contre le système de la monarchie pure, contre le pouvoir absolu dans l’ordre spirituel. Cette révolution amène, consacre, établit en Europe le libre examen. De nos jours nous avons vu, dans l’ordre civil, un même événement. Le pouvoir absolu temporel est également attaqué, vaincu. Vous le voyez ; les deux sociétés ont traversé les mêmes vicissitudes, ont subi les mêmes révolutions ; seulement la société religieuse a toujours été en avant dans cette carrière.

Nous voilà, Messieurs, en possession d’un des grands faits de la société moderne, le libre examen, la liberté de l’esprit humain. Nous voyons en même temps prévaloir à peu près partout la centralisation politique. Je traiterai dans ma prochaine leçon de la révolution d’Angleterre, c’est-à-dire de l’événement