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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/38

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mêmes personnes, la même génération qui avaient coutume d’y venir, il y a sept ans, s’associer à mes travaux. (M. Guizot paraît ému et s’arrête un moment.) Je vous demande pardon, Messieurs : votre accueil si bienveillant m’a un peu troublé… Parce que je reviens ici, il me semble que tout y doit revenir, que rien n’est changé : tout est changé pourtant, Messieurs, et bien changé ! (Mouvement.) Il y a sept ans, nous n’entrions ici qu’avec inquiétude, préoccupés d’un sentiment triste, pesant ; nous nous savions entourés de difficultés, de périls ; nous nous sentions entraînés vers un mal que vainement, à force de gravité, de tranquillité, de réserve, nous essayions de détourner. Aujourd’hui nous arrivons tous, vous comme moi, avec confiance et espérance, le cœur en paix et la pensée libre. Nous n’avons qu’une manière, Messieurs, d’en témoigner dignement notre reconnaissance : c’est d’apporter dans nos réunions, dans nos études, le même calme, la même réserve que nous y apportions quand nous redoutions chaque jour de les voir entravées ou suspendues. Je vous demande la permission de vous le dire : la bonne fortune est chanceuse, délicate, fragile ; l’espérance a besoin d’être ménagée comme la crainte ; la convalescence exige presque les mêmes soins, la même prudence que les approches de la maladie. Vous les aurez, Messieurs, j’en suis sûr. Cette même sympathie, cette correspondance intime et rapide d’opinions, de sentiments, d’idées, qui nous unissait dans les jours difficiles, et nous a du moins épargné les fautes, nous unira également dans les bons jours, et nous mettra en mesure d’en recueillir tous les fruits. J’y compte,