Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/39

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Messieurs, j’y compte de votre part, et n’ai besoin de rien de plus. (Applaudissements.)

Nous avons bien peu de temps devant nous d’ici à la fin de l’année. J’en ai eu moi-même bien peu pour penser au cours que je devais vous présenter. J’ai cherché quel serait le sujet qui pourrait se renfermer le mieux, soit dans l’espace qui nous reste, soit dans le très peu de jours qui m’ont été donnés pour me préparer. Il m’a paru qu’un tableau général de l’histoire moderne de l’Europe, considérée sous le rapport du développement de la civilisation, un coup d’œil général sur l’histoire de la civilisation européenne, de ses origines, de sa marche, de son but, de son caractère ; il m’a paru, dis-je, qu’un tel tableau se pouvait adapter au temps dont nous disposons. C’est le sujet dont je me suis déterminé à vous entretenir.

Je dis de la civilisation européenne : il est évident qu’il y a une civilisation européenne ; qu’une certaine unité éclate dans la civilisation des divers États de l’Europe ; qu’elle découle de faits à peu près semblables, malgré de grandes diversités de temps, de lieux, de circonstances, et qu’elle se rattache aux mêmes principes, et tend à amener à peu près partout des résultats analogues. Il y a donc une civilisation européenne et c’est de son ensemble que je veux vous occuper.

D’un autre côté, il est évident que cette civilisation ne peut être cherchée, que son histoire ne peut être puisée dans l’histoire d’un seul des États européens. Si elle a de l’unité, sa variété n’en est pas moins prodigieuse ; elle ne s’est développée tout entière dans aucun pays spécial. Les traits de sa physionomie sont