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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/413

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de la richesse, de la civilisation en un mot. Ce sont là les véritables causes de sa prépondérance en Europe ; prépondérance telle qu’il a été sur le continent, pendant tout le dix-septième siècle, et non-seulement pour les souverains, mais pour les peuples mêmes, le type des gouvernements.

Maintenant on se demande, et il est impossible de ne pas se demander comment un pouvoir si éclatant, si bien établi, à en juger par ce que je viens de mettre sous vos yeux, on se demande, dis-je, comment ce pouvoir est tombé si vite dans une telle décadence ; comment après avoir joué un tel rôle en Europe, il est devenu dans le siècle suivant si inconsistant, si faible, si peu considéré. Le fait est incontestable. Dans le dix-septième siècle, le gouvernement français est à la tête de la civilisation européenne ; dans le dix-huitième siècle, il disparaît ; c’est la société française, séparée de son gouvernement, souvent même dressée contre lui, qui précède et guide dans ses progrès le monde européen.

C’est ici que nous retrouvons le vice incorrigible et l’effet infaillible du pouvoir absolu. Je n’entrerai dans aucun détail sur les fautes du gouvernement de Louis XIV ; il en a commis de grandes ; je ne parlerai ni de la guerre de la succession d’Espagne, ni de la révocation de l’édit de Nantes, ni des dépenses excessives, ni de beaucoup d’autres mesures fatales qui ont compromis sa fortune. J’accepterai les mérites de ce gouvernement tels que je viens de les montrer. Je conviendrai qu’il n’y a jamais eu peut-être de pouvoir absolu plus complètement avoué de son siècle et de son peuple, ni qui ait rendu de plus réels