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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/414

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services à la civilisation de son pays, et de l’Europe en général. Eh bien, Messieurs, par cela seul que ce gouvernement n’avait pas d’autre principe que le pouvoir absolu, ne reposait que sur cette base, sa décadence a été subite et méritée. Ce qui manquait essentiellement à la France de Louis XIV, ce sont des institutions, des forces politiques indépendantes, subsistant par elles-mêmes, capables en un mot d’action spontanée et de résistance. Les anciennes institutions françaises, si tant est qu’elles méritent ce nom, ne subsistaient plus ; Louis XIV acheva de les détruire. Il n’eut garde de chercher à les remplacer par des institutions nouvelles ; elles l’auraient gêné ; il ne voulait pas être gêné. La volonté et l’action du pouvoir central, c’est là tout ce qui paraît avec éclat à cette époque. Le gouvernement de Louis XIV est un grand fait ; un fait puissant et brillant, mais sans racines. Les institutions libres sont une garantie non-seulement de la sagesse des gouvernements, mais encore de leur durée. Il n’y a pas de système qui puisse durer autrement que par des institutions. Là où le pouvoir absolu a duré, c’est qu’il s’est appuyé sur des institutions véritables, tantôt sur la division de la société en castes fortement séparées ; tantôt sur un système d’institutions religieuses. Sous le règne de Louis XIV les institutions ont manqué au pouvoir ainsi qu’à la liberté. Rien en France à cette époque ne garantissait ni le pays contre l’action illégitime du gouvernement, ni le gouvernement lui-même contre l’action inévitable du temps. Aussi voyez le gouvernement assister à sa propre décadence. Ce n’est pas Louis XIV seul qui a vieilli,