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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/50

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si étroite de la destinée humaine. Il lui semble, au premier aspect, que le mot civilisation comprend quelque chose de plus étendu, de plus complexe, de supérieur à la pure perfection des relations sociales, de la force et du bien-être social.

Les faits, l’opinion publique, le sens généralement reçu du terme, sont d’accord avec cet instinct.

Prenez Rome dans les beaux temps de la république, après la seconde guerre punique, au moment de ses plus grandes vertus, lorsqu’elle marchait à l’empire du monde, lorsque l’état social était évidemment en progrès. Prenez ensuite Rome sous Auguste, à l’époque où a commencé la décadence, où au moins le mouvement progressif de la société était arrêté, où les mauvais principes étaient bien près de prévaloir : il n’y a personne cependant qui ne pense et ne dise que la Rome d’Auguste était plus civilisée que la Rome de Fabricius ou de Cincinnatus.

Transportons-nous ailleurs : prenons la France des 17e et 18e siècles ; il est évident que, sous le point de vue social, quant à la somme et à la distribution du bien-être entre les individus, la France du 17e et du 18e siècle était inférieure à quelques autres pays de l’Europe, à la Hollande et à l’Angleterre, par exemple. Je crois qu’en Hollande et en Angleterre l’activité sociale était plus grande, croissait plus rapidement, distribuait mieux ses fruits qu’en France. Cependant demandez au bon sens général ; il vous répondra que la France du dix-septième et du dix-huitième siècle était le pays le plus civilisé de l’Europe. L’Europe n’a pas hésité dans cette question. On trouve des traces de cette opinion