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Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/85

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À mesure qu’elle avance, et très promptement, puisque la trace s’en laisse entrevoir dans les premiers monuments, on voit poindre un corps de doctrines, des règles de discipline et des magistrats : des magistrats appelés les uns presbuteroi ou anciens, qui sont devenus des prêtres ; les autres episkopio ou inspecteurs, surveillants, qui sont devenus des évêques ; les autres diakonoi ou diacres chargés du soin des pauvres et de la distribution des aumônes.

Il est à peu près impossible de déterminer quelles étaient les fonctions précises de ces divers magistrats ; la ligne de démarcation était probablement très-vague et flottante ; mais, enfin, les institutions commençaient. Cependant un caractère domine encore dans cette seconde époque : c’est que l’empire, la prépondérance dans la société, appartient au corps des fidèles. C’est le corps des fidèles qui prévaut quant au choix des magistrats, et quant à l’adoption, soit de la discipline, soit même de la doctrine. Il ne s’est point fait encore de séparation entre le gouvernement et le peuple chrétien. Ils n’existent pas l’un à part de l’autre, l’un indépendamment de l’autre ; et c’est le peuple chrétien qui exerce la principale influence dans la société.

À la troisième époque, on trouve tout autre chose. Il existe un clergé séparé du peuple, un corps de prêtres qui a ses richesses, sa juridiction, sa constitution propre, en un mot, un gouvernement tout entier, qui est en lui-même une société complète, une société pourvue de tous les moyens d’existence, indépendamment de la société à laquelle elle s’applique et sur laquelle elle étend son influence. Telle