Page:Guizot - Histoire générale de la civilisation en Europe, 1838.djvu/86

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est la troisième époque de la constitution de l’Église chrétienne, et l’état dans lequel elle apparaît au commencement du cinquième siècle. Le gouvernement n’y est point complètement séparé du peuple ; il n’y a pas de gouvernement pareil, et bien moins en matière religieuse qu’en toute autre ; mais dans les rapports du clergé et des fidèles, c’est le clergé qui domine, et domine presque sans contrôle.

Le clergé chrétien avait de plus un bien autre moyen d’influence. Les évêques et les clercs étaient devenus les premiers magistrats municipaux. Vous avez vu qu’il ne restait, à proprement parler, de l’Empire romain, que le régime municipal. Il était arrivé, par les vexations du despotisme et la ruine des villes, que les curiales, ou membres des corps municipaux, étaient tombés dans le découragement et l’apathie ; les évêques au contraire et le corps des prêtres, pleins de vie, de zèle, s’offraient naturellement à tout surveiller, à tout diriger. On aurait tort de le leur reprocher, de les taxer d’usurpation. Ainsi le voulait le cours naturel des choses ; le clergé seul était moralement fort et animé ; il devint partout puissant. C’est la loi de l’univers.

Cette révolution est empreinte dans toute la législation des Empereurs à cette époque. Si vous ouvrez le code, Théodosien, ou le code Justinien, vous y trouverez un grand nombre de dispositions qui remettent les affaires municipales au clergé et aux évêques. En voici quelques-unes. (M. Guizot lit plusieurs textes de lois romaines.) [1].

  1. Cod. Just. L. 1, tit. IV, de episcopali audientia,
    § 26. — Quant aux affaires annuelles des cités (soit qu’il s’agisse des revenus or-