Page:Guizot - Mélanges politiques et historiques, 1869.djvu/162

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hommes ne se laissât saisir de prévention et de partialité [1]. ! »

Spectacle sublime en effet, car la loi qui le donne ne cherche que la justice, et ne consulte que la vérité. Elle sait la nature humaine et veut la sauver de ses plus excusables erreurs. Plus le crime est horrible, plus il touche de près aux débats dont la société est agitée ; plus il offense ses plus précieux intérêts et ses sentimens les plus chers, plus son châtiment est juste et nécessaire, plus il faut craindre l’influence des passions et l’ardeur des premières pensées. La loi ne doit point de complaisance à l’impatience des hommes, même légitime. Son devoir est de s’en défendre, non de la servir. Une telle jurisprudence ne protège pas seulement les accusés ; elle assure les trônes et l’ordre public mieux que toutes les tyrannies.

Par les mêmes causes, c’est surtout dans les temps de fermentation politique que la justice doit se montrer plus difficile et plus attentive. La tentation de l’envahir est si forte et le péril si grand ! Quand la guerre est entre les partis les partis travaillent à porter partout la guerre ; ils souffrent avec un dépit

  1. Speeches of Lord Erskine, Londres, 1812.