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Page:Guizot - Mélanges politiques et historiques, 1869.djvu/208

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Dans tous les cas, c’est la nature des faits généraux d’embrasser un champ immense, et de contenir dans leur vaste sein une multitude de personnes, d’actes, de sentimens, d’opinions qui s’y rallient par quelque côté, sans qu’on puisse, en aucune façon, les considérer comme solidaires de tout ce qui s’y passe, de tout ce qui en peut sortir.

Quand la politique, alarmée sur telle ou telle classe de faits généraux, demande à la justice d’y entrer pour y chercher des crimes dont elle soupçonne que les élémens y résident, il est impossible que la justice ne rencontre sur ses pas des hommes, des actes qui, absolument étrangers au crime qu’elle cherche, ne le sont point cependant aux faits généraux dans lesquels elle le cherche. Titius Sabinus ne conspirait point contre Tibère ; mais il avait été l’ami de Germanicus ; il vivait au milieu des souvenirs qu’avait laissés sa vie, et des douleurs qu’avait causées sa mort. Quand Tibère redoutant, à tort ou à raison, les complots d’Agrippine et de ses amis, envoya ses agens dans le cercle où ils pouvaient naître, Titius Sabinus se trouva sur leur chemin. Sans contact avec aucune conspiration, aucun projet, Titius Sabinus fut bientôt perdu.