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Page:Guizot - Mélanges politiques et historiques, 1869.djvu/210

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dans cette route ? quel guide y sera fidèle et sûr ? Quand l’hérésie était un crime et l’inquisition un tribunal, c’était ainsi que l’inquisition procédait contre l’hérésie. Sans cesse fouillant dans ce fait général, dès qu’un homme semblait y tenir par quelque fil, elle saisissait cet homme, scrutait sa vie, ses relations, ses discours, ses manuscrits, ses pensées, et lui découvrait bientôt quelque hérésie particulière qui l’envoyait au bûcher. Ainsi procédait le comité de salut public, quand, parmi les suspects, il cherchait des coupables. La politique révolutionnaire avait classé, parqué ses ennemis ; et, au moindre péril, sans aucun fait, sans aucun élément légal de crime, elle envoyait au milieu d’eux sa justice pour y choisir d’après les noms propres, les antécédens, les circonstances du jour, ceux qu’elle jugeait bons à poursuivre. Et qu’on ne répudie point ces souvenirs, qu’on ne se récrie point contre ces exemples. Quiconque, trois ans plus tôt, eût dit à ces hommes qu’ils feraient un jour ce qu’ils ont fait, eût aussi excité leur indignation. Mais il n’est pas donné à notre faible nature d’échapper au fatal pouvoir du mal qu’elle accepte une fois. Quand il s’en est saisi, il la garde, la serre, la pousse, et la contraint à tirer elle-même les conséquences du