Page:Guizot - Mélanges politiques et historiques, 1869.djvu/270

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de toutes les classes, de toutes les opinions, arrivés là, n’y rencontrent que la loi et l’équité ; le public prendra l’habitude de penser que toutes choses doivent être réglée selon l’équité et la loi. S’il est un lieu où les préventions politiques n’aient aucun crédit, où l’esprit de parti ne soit rien, l’esprit de parti et les préventions politiques se discréditeront, s’affaibliront aussi ailleurs. La société ne demande pas mieux que d’avoir un refuge et une espérance ; elle n’affronte pas le chaos par plaisir et le naufrage de gaîté de cœur. Donnez à la justice un point d’appui sûr, et elle marchera de là à la conquête de toutes choses, du gouvernement comme de l’esprit public.

Il est temps, ce me semble, d’en essayer, car on a essayé de tout, excepté de ceci. La politique est pleine de craintes et se consume en efforts ; elle tremble peut-être de se voir bientôt au bout de sa science. Qu’elle en apprenne une autre ; qu’elle tente les voies de l’impartialité, de la vérité ; qu’elle laisse là les faits généraux, les agens provocateurs, les poursuites imprudentes, et tant de pénibles combinaisons qui ne la tirent d’embarras aujourd’hui que pour la compromettre demain. Ce n’est pas de la vertu que je lui demande, c’est un peu de prévoyance.