Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, I.djvu/107

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moralité.

Maître Michel de Montaigne, gascon docte et prud’homme, bardereau, a dict : « Cecy est un livre de bonne foy ; je donne mon advis, non comme bon, mais comme mien ».

Moi, je dirai aussi que c’est de bonne foi que sont écrites ces pages, et même je les ai composées avec feu et enthousiasme. I

J’ai voulu tonner contre les préjugés et je ferai peut-être crier contre un auteur aussi impudent que moi.

Quant à ce que j’ai mis comme titre, Un Parfum à sentir, j’ai voulu dire par là que Marguerite était un parfum à sentir ; j’aurais pu ajouter : une fleur à voir, car pour Isabellada la beauté était tout.

Maintenant de peur que la très sainte Église catholique, apostolique et romaine, ne lance contre moi ses foudres à cause de mon titre cocasse, Conte philosophique immoral, moral (ad libitum), je me justifierai quand on m’aura fait la définition de ce qui est moral d’avec ce qui ne l’est pas.

ce que vous voudrez.

Vous ne savez peut-être pas quel plaisir c’est : composer !

Écrire, oh ! écrire, c’est s’emparer du monde, de ses préjugés, de ses vertus et le résumer dans un livre ; c’est sentir sa pensée naître, grandir, vivre, se dresser debout sur son piédestal, et y rester toujours.

Je viens donc d’achever ce livre étrange, bizarre, incompréhensible.

Le premier chapitre, je l’ai fait en un jour ; j’ai été ensuite pendant un mois sans y travailler ; en une se-