Ô sainte Vierge, du courage !… Et ma femme et mes enfants !… Ah ! tiens, je hais les guerres et la vie de soldat.
Si le Duc t’entendait…
Qu’il me tue, s’il veut, je l’en remercierai.
J’en conviens, c’est rude de se battre pour les autres, mais que veux-tu ? Il le faut bien ; des temps meilleurs viendront peut-être.
En France, au moins, on n’est pas malheureux comme cela.
Tais-toi, c’est ce qui me rend colère comme la foudre de voir toujours ce vieux filou de Louis XI qui, sans se battre, est toujours vainqueur de Charles, et lui enlève petit à petit duchés et richesses, tandis que nous autres nous avons tant de valeur et de courage. C’est comme un épervier qui battrait un aigle.
C’est vrai, il faut que cet homme-là soit maudit du pape pour être constamment si malheureux.
C’est peut-être bientôt fini, le Duc a promis de faire ce soir les Rois dans la ville.
Hélas ! j’ai bien peur que la fête ne soit la fête des morts.