Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, I.djvu/354

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D’Esquerdes

Ne craignez rien, monseigneur, ils me tueraient avant vous.

Robert

Ah ! vive le duc de Bourgogne qui a besoin pour se raffermir des larmes d’une fille et des encouragements d’un vieillard !

Le duc

Cela est vrai, par saint Georges ! parce qu’il y a dans les larmes de cette fille et dans les cheveux blancs de ce vieillard plus de fidélité et d’honneur qu’il n’y en a jamais eu dans votre jeune sang et dans la vile main que soudoie celle de Louis XI, dont tu es le salarié et le valet sanguinaire ; et encore une fois, moi, Charles de Valois, duc de Bourgogne, de Lorraine, de Provence et d’Anjou, comte de Charolais…

Robert

Assez de vos titres !

Le duc

Eh bien, moi, gentilhomme, je te requiers de dire à l’instant la cause de ta présence.

Robert

La voilà ! Et n’oubliez pas avant tout, monsieur le duc, que je suis entré avec mes hommes, et que, fussiez-vous dix fois plus fort, chaque cheveu de ma tête qui tomberait serait la vie d’un des vôtres. Eh bien, Charles de Valois, je réclame justice contre le duc de Bourgogne qui, au mépris des traités, de la foi et du serment, a empiété sur ses droits en faisant arrêter mes messagers, en saccageant mes villages, en assiégeant mes frontières, et moi, Robert, comte de la Mark, je lui déclare à lui une guerre acharnée et sans relâche, en champ clos, à pied, à cheval, ou bien une