il en avait lancé exprès, avec force, pour les entendre se frapper contre les parois des rochers et l’écho solitaire y répondre. Sur le plateau qui domine la falaise, l’air devint plus vif, il vit la lune s’élever en face, dans une portion du ciel bleu, sombre ; sous la lune, à gauche, il y avait une petite étoile.
Il pleurait, était-ce de froid ou de tristesse ? son cœur crevait, il avait besoin de parler à quelqu’un. Il entra dans un cabaret, où quelquefois il avait été boire de la bière, il demanda un cigare, et il ne put s’empêcher de dire à la bonne femme qui le servait : « Je suis déjà venu ici ». Elle lui répondit : « Ah ! mais, c’est pas la belle saison, m’sieu, c’est pas la belle saison », et elle lui rendit de la monnaie.
Le soir il voulut encore sortir, il alla se coucher dans un trou qui sert aux chasseurs pour tirer les canards sauvages, il vit un instant l’image de la lune rouler sur les flots et remuer dans la mer, comme un grand serpent, puis de tous les côtés du ciel des nuages s’amoncelèrent de nouveau, et tout fut noir. Dans les ténèbres, des flots ténébreux se balançaient, montaient les uns sur les autres et détonaient comme des canons, une sorte de rythme faisait de ce bruit une mélodie terrible, le rivage, vibrant sous le coup de vagues, répondait à la haute mer retentissante.
Il songea un instant s’il ne devait pas en finir, personne ne le verrait, pas de secours à espérer, en trois minutes il serait mort ; mais, de suite, par une antithèse ordinaire dans ces moments-là, l’existence vint à lui sourire, sa vie de Paris lui parut attrayante et pleine d’avenir, il revit sa bonne chambre de travail, et tous les jours tranquilles qu’il pourrait y passer encore. Et cependant les voix de l’abîme l’appelaient, les flots s’ouvraient comme un tombeau, prêt de suite à se refermer sur lui et à l’envelopper dans leurs plis liquides…
Il eut peur, il rentra, toute la nuit il entendit le vent