— Pardon, sire.
— Continuez.
— Eh bien, sire, il me dit, les larmes aux yeux, en mettant le pied dans l’étrier : « Veillez sur mon fils, ne le quittez pas d’un instant, d’une minute, et si je ne reviens pas dans quinze jours, un mois, brûlez huit cierges à Notre-Dame de Bon-Secours pour le repos de votre ami ; vous entendez ? prenez garde à mon fils ! Adieu, et, si c’est pour toujours, encore adieu ! » Il me semble le revoir encore, sire, me serrant la main en me disant ces mots d’adieu, et des larmes restèrent longtemps sur sa barbe blanche ; il embrassa son fils, et nous vîmes bientôt son cheval disparaître dans un tourbillon de poussière. Nous l’attendîmes quinze jours, un mois, personne ! Alors toute la ville prit le deuil, et l’on fit plus, car on versa des larmes !
— Vous êtes un brave homme, dit le roi en soupirant, vos paroles m’ont touché. Eh bien, craignez-vous quelque chose pour cet enfant ? Eh, mon Dieu, nous avons assez de richesses pour le contenter ; pourquoi voulez-vous le reprendre ? Soyez tranquille, Osmond, un roi sait garder quelque chose de précieux, et la preuve c’est que lorsqu’on lui prend sa couronne on lui arrache quelquefois la tête avec, tellement il y tient.
Osmond sortit sans rien dire.
— Qu’ai-je appris, dit Osmond en entrant chez le roi, le lendemain matin, Richard est malade ?
— Mais oui.
— Qu’a-t-il ?
— Rien… Tenez, je vais vous le dire, je veux garder le duc auprès de moi, je l’aurai. Il est temps de cesser cet inutile carnaval ; dans une heure huit mille hommes sont aux portes de Rouen, j’ai envoyé Arnould vers Bernard, général des troupes de Normandie. Quant à vous, messire Osmond, qui voulez