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Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, II.djvu/82

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viendrait ennuyeuse et bête comme une vieille femme. Mourir ? mais où en seraient les ménages qui sont garants de la foi conjugale ?

Ah ! je me fâche à cette horrible idée d’anarchie sociale, la morale publique ; la morale publique, les mœurs, les institutions philanthropiques, les vertus, les systèmes, les théories, songez-y, si je mourais, tout cela mourrait aussi. Comment serait-on alors ? comment concevez-vous l’idée d’un monde sans moi, sans que j’en occupe les trois quarts, sans que je le fasse vivre en entier ?

Les gens du guet prennent le pauvre.
satan.

Tant mieux ! ce drôle-là m’assommait. Mais, au reste, il serait fâcheux de le faire mourir sitôt, réservons-le. Il faudra qu’il brûle sa prison, viole six religieuses et massacre une trentaine de personnes avant de rendre l’âme.

Le pauvre s’échappe des mains des soldats.

Yuk se frotte les mains, s’étend au soleil, crache au nez d’un magistrat, et pisse sur l’église.

C’était une haute église, avec son porche noirci, ses aiguilles et ses pyramides de pierre. Elle était vénérable tant elle était vieille ; ils y entrèrent.

La nef était haute, vide, solitaire ; les minces et sveltes colonnes projetaient leurs ombres sur les dalles usées. Le jour se mourait, et cependant le soleil, passant à travers les vitraux rouges, jetait une lueur qui semblait s’étendre comme celle des lampes suspendues. Il y avait quelque chose de grand et de triste dans cette église ; elle était haute, si haute que les hommes paraissaient petits en bas, il n’y avait plus ni encens aux pieds de la Vierge ni fleurs sur l’autel, l’orgue avait tu sa grande voix ; — seulement, tout au fond, un drap noir, un cercueil, la messe des morts.