Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, III.djvu/360

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II

Agénor au contraire en est désolé : oui, il réussira, tout lui réussit ; je le hais pour ses talents, à cause de sa bonté même pour moi. Eh bien, quand tout homme aurait la petite vérole ? j’en suis content. Une femme marquée de la petite vérole m’excite davantage, tant j’ai les goûts corrompus ; j’aime le gibier faisandé et les fromages pourris.

À ce degré d’horreur…

III

Elfrid arrive pour voir Hermance. — Il est choqué de ce qui se passe.

Le rustique mortel venu de l’Helvétie

lui a dit de parler à la confidente ; pourquoi ne peut-il voir Hermance ? — Ils épanchent ensemble leurs misères, leurs rages et les ulcères de leurs cœurs. — Agénor lui fait part de la découverte de son maître et se promet bien d’en empêcher l’exécution.
IV

Ismène vient excuser Hermance si elle ne paraît pas : c’était l’heure de sa toilette, il fallait la corser, faire bidet. — Elfrid va aller prendre l’air, dévoré qu’il est de jalousie, car Jenner est chez Gonnor, et Hermance y est peut-être. Que les médecins sont heureux ! c’est un métier bien propice aux larcins de l’amour ; ils voient même souvent ce que les femmes refusent de montrer à leurs époux. — Il est rongé d’inquiétude, de rage ; l’enfer est dans son âme. — Lui et Agénor rugissent en se séparant. — Agénor sort aussi pour accomplir ses noirs desseins.

V

Hermance, Ismène. — Le songe. — Elle a eu un songe : elle a vu un monstre bouffi, avec des creux, des bosses et des coutures, qui la voulait embrasser et se penchait sur elle ; elle sentait que chaque baiser lui faisait un trou. Une main mystérieuse tenant un glaive a paru dans les nuages ; une voix a dit : ce qui paraît donner la vie te donnera la mort, ce qui fait mourir prolongera tes Jours. — Haletante, je m’éveillai… et toujours dans mon souvenir…