Ah ! c’est toi, petit, te voilà ?
Oui, c’est moi, moi toujours. Mais laissez-moi, je n’ai que faire de vous.
Ah ! c’est toi ! que veux-tu ?
Ce que je veux ?
Oh ! tu me battrais ! Déjà tu lèves ton bras.
Non, parle, conte-moi tout.
Eh bien, j’ai faim, na ! j’ai soif, entends-tu ? j’ai envie de dormir, j’ai envie de jouer.
Bah ! bah ! bah !
Si tu savais comme je suis malade, comme les paupières me cuisent, quels bourdonnements j’ai dans la tête ! Ô Orgueil, ma mère, pourquoi me contrains-tu à ce métier d’esclave ? Tu me fais casser des pierres et courir après les feuilles, mes ongles sont noirs de toute la poussière que je remue, et je grelotte à la bise avec mes coudes percés. Quand parfois je sommeille un peu, tout à coup j’entends le sifflement de ton fouet qui me claque aux oreilles et qui me balafre la figure — oh ! laisse-moi finir — je me réveille en sursaut, je prends ma tête dans mes mains, je