couples de chameaux à la douzaine, des cavales qui ont la crinière plus longue que des chevelures ; j’ai des girafes qui marchent en liberté dans mes allées, et avancent la tête sur le bord de ma fenêtre quand je relève ma jalousie.
Assise dans une coquille et traînée par des dauphins verts, je me promène dans les grottes marines, écoutant tomber l’eau des stalactites ; le courant m’entraîne en des contrées inconnues, je vais au pays des diamants, où les magiciens mes amis me laissent choisir les plus beaux, puis je remonte sur la terre et je rentre chez moi.
Merci, beau Simorg-Anka ! Toi qui m’as appris où demeurait mon bien-aimé !… car c’est lui qui est venu me conter à l’oreille le chemin qu’l fallait prendre… Merci, beau Simorg, merci, merci, messager de mon cœur !
Il traverse les immensités, il vole comme le désir.
Jadis il portait les tablettes que j’envoyais à Salomon et m’en rapportait la réponse.
En quatre coups d’ailes il va de Riema à Jérusalem, et il fait le tour du monde dans sa journée ; le soir, il revient, il se pose aux pieds de ma couche, il me raconte ce qu’il a vu, les mers qui ont passé sous lui avec les poissons et les navires, les grands déserts vides qu’il a contemplés du haut des cieux, et toutes les moissons qui se courbaient dans la campagne, et les plantes qui poussaient sur le mur des villes abandonnées.
Oh ! si tu voulais ! si tu voulais ! quel bonheur nous mènerions ensemble !
J’ai un pavillon sur un promontoire, au milieu d’un isthme entre deux océans ; il est lambrissé de plaques de verre, parqueté d’écailles de tortue, s’ouvre aux quatre vents du ciel ; les têtes des palmiers et des chênes couvrent la pente de la colline,