Page:Gustave Flaubert - Trois contes.djvu/104

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que deux inconnus, à défaut du seigneur absent, réclamaient tout de suite la seigneuresse.

Et bientôt entrèrent dans la chambre un vieil homme et une vieille femme, courbés, poudreux, en habits de toile, et s’appuyant sur un bâton.

Ils s’enhardirent et déclarèrent qu’ils apportaient à Julien des nouvelles de ses parents.

Elle se pencha pour les entendre.

Mais, s’étant concertés du regard, ils lui demandèrent s’il les aimait toujours, s’il parlait d’eux quelquefois.

— Oh ! oui ! dit-elle.

Alors, ils s’écrièrent :

— Eh bien ! c’est nous !

Et ils s’assirent, étant fort las et recrus de fatigue.

Rien n’assurait à la jeune femme que son époux fût leur fils.

Ils en donnèrent la preuve, en décrivant des signes particuliers qu’il avait sur la peau.

Elle sauta hors sa couche, appela son page, et on leur servit un repas.

Bien qu’ils eussent grand’faim, ils ne pouvaient guère manger ; et elle observait à l’écart le tremblement de leurs mains osseuses, en prenant les gobelets.

Ils firent mille questions sur Julien. Elle répon-