mais c’est le monde imaginé par le moyen âge, et non le moyen âge lui-même ; ce que vous souhaitiez, puisque vous vouliez produire l’effet d’un vitrail ; cet effet y est ; la poursuite de Julien par les bêtes, le lépreux, tout du pur idéal de l’an 1200. Mais Hérodias est la Judée 30 ans après J.-C., la Judée réelle, et bien plus difficile à rendre, parce qu’il s’agit d’une autre race, d’une autre civilisation, d’un autre climat. Vous aviez bien raison de me dire qu’à présent l’histoire et le roman ne peuvent plus se distinguer. — Oui, à condition de faire du roman comme vous. Ces 80 pages m’en apprennent plus sur les alentours, les origines et le fond du christianisme que l’ouvrage de Renan ; pourtant vous savez si j’admire les Apôtres, son Saint Paul et son Antéchrist. Mais la totalité des mœurs, des sentiments, du décor ne peut être rendue que par votre procédé et par votre lucidité. À force d’art, et par le style, vous avez esquivé les plus grandes difficultés, levées de l’horreur et de l’indécence ; on devine Asprée, on voit Vitellius et Salomé, et il n’y a pas de gros mots, ni de mots crus ; pourtant rien n’est omis, les deux attitudes essentielles de Salomé y sont et même le hurlement de Jean. (Avez-vous lu dans Leconte de Lisle un superbe morceau semblable, Élie maudissant Achab et Jésabel.)
Deux ou trois chicanes : page 170, ligne 4, pour éviter toute obscurité à la première lecture, il vaudrait peut-être mieux mettre « l’un de ses Frères Agrippa » ; 6 lignes après, on voit Agrippa et on ne l’identifie pas du premier coup. — Ibidem, ligne 7, pour plus de clarté, mettre « Hérode Antipas », ou « le Tétrarque ». — Songez que le lecteur n’est pas habitué à tous ces noms, dignités et parentés ! — l’âge 177, comment Agrippa est-il à la fois le Frère d’Hérodias et d’Hérode Antipas ? — Si cela est, il faut un mot d’explication, pour moi, j’ai oublié les généalogies. — Ibidem, page 192, il y a un peu d’incertitude à la première lecture pour le lecteur ignorant sur les Vitellius, dont l’un, le père, est Lucius Vitellius, et l’autre, le fils, Aulus Vitellius.
Magnifique le passage 203 sur les chevaux et leur écurie souterraine avec une percée de lumière. Tous les mots du festin y