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CHAPITRE II.

ne seront plus exposés à des actes de violence et à de mauvais traitements de la part de leurs ennemis ; mais, à ce bienfait négatif, on devait en joindre et on en a joint en réalité un autre d’un caractère plus positif. On a retenu auprès de ces mêmes blessés ceux aux soins desquels ils sont confiés. À l’approche de l’ennemi, on concevrait que le personnel valide d’un hôpital ou d’une ambulance fût tenté de se retirer, et l’on se figure aisément l’état désespéré auquel seraient réduits blessés et malades ainsi livrés a eux-mêmes, sans secours d’aucune sorte pendant un temps plus ou moins long. — Cela s’est vu pendant la dernière guerre européenne[1]. Les Prussiens ont trouvé, en Bohême, des places de pansement où les blessés gisaient abandonnés depuis plusieurs jours par le corps sanitaire autrichien[2].

À supposer même que l’ennemi eût pitié des victimes, et que, loin de leur faire du mal, il s’empressât de pourvoir à leurs besoins dans la limite du possible, on peut être certain qu’elles perdraient beaucoup au change. Ces égards ne

  1. Naundorff, Unter dem rothen Kreuz, 483.
  2. Protokoll der am 14 December 1868 stattgefundenen general Versammlung des Preussischen Vereins, 34. — Von Corval, Die Genfer Konvention und die Möglichkeit ihrer Durchführung.