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CHAPITRE II.

Les Sociétés de secours ont vivement réclamé contre cette disposition[1], et plusieurs gouvernements auraient désiré, comme elles, que la neutralité fût étendue au matériel hospitalier tout entier. On a donné surtout pour raison de ce changement, que le personnel sanitaire, responsable aussi bien du matériel que des blessés qui lui sont confiés, serait fort embarrassé de savoir comment se comporter à l’approche de l’ennemi. S’il sait que les blessés n’ont rien à redouter de celui-ci, mais que le matériel sera perdu, n’est-il pas à craindre qu’il évacue l’hôpital en emportant les lits et le mobilier pour les mettre à l’abri, et en laissant les blessés dans le dénûment, jusqu’à ce qu’ils soient recueillis par l’envahisseur ? On a cité des exemples à l’appui de cette hypothèse ; mais, il faut bien le dire, il s’agissait, dans ces cas là, de médecins qui avaient intérêt à se sauver eux-mêmes, et qui auront trouvé commode de légitimer ainsi leur conduite. D’autres, dans des circonstances analogues, ont emmené du moins les blessés avec eux, comme ce fut le cas en 1866, à Babenhausen pour l’armée allemande, et à Laufach pour l’armée prus-

  1. 1867, I, 231 à 237, II, 71 ; — voir aussi Naundorff, ouvrage cité, 488, et commentaire sur l’art.1 (supra), § 2.