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INTRODUCTION.

assigne pour but de détruire l’ennemi, de le dépouiller ou seulement de lui arracher un consentement, les mêmes rigueurs ne sont point nécessaires, ni par conséquent légitimes.

De nos jours l’on ne considère plus la guerre que comme un mal inévitable ; comme la seule manière de vider un différend international. Le but d’une guerre juste, disait déjà Vattel, c’est « de se procurer par la force une justice que l’on ne peut obtenir autrement[1]. » Mais cette conception n’était guère commune de son temps. Admise généralement aujourd’hui, elle exige une révision scrupuleuse des règles du droit, en ce qui concerne les moyens licites ou illicites de nuire à l’ennemi. Il faut faire cesser le désaccord qui existe entre plusieurs d’entre elles et les délicatesses croissantes de la conscience publique. Il faut compléter la liste de proscription dressée contre certains usages par les générations qui nous ont précédés, et inscrire, à la suite de ceux que

  1. Vattel, le Droit des gens, liv. III, chap. viii, § 136.