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COMMENTAIRE DE LA CONVENTION.

cace, mais l’intérêt des blessés veut que ces mêmes habitants mettent à leur service leurs biens non moins que leur personne, et, pour les y engager, il fallait leur offrir une sorte de prime d’encouragement, capable de les stimuler énergiquement. Or, c’est à cela que tend le troisième paragraphe de l’article 5.

Quel est l’habitant, en effet, qui, après en avoir eu connaissance, hésitera à recueillir chez lui des blessés ? Quel est celui qui, à défaut de tout mobile charitable, ne s’empressera pas de donner une hospitalité, même onéreuse pour lui, à ceux dont la présence sous son toit lui servira de sauvegarde ? Les maisons hospitalières étant respectées à l’égal des hôpitaux et leur caractère de propriété privée les soustrayant à la confiscation par le vainqueur, il est probable qu’il n’y aura pas d’immeuble dans le pays dont le propriétaire ne soit avide d’assurer la conservation, en le transformant en ambulance. On a même été jusqu’à supposer[1] qu’un chef d’armée pourrait lui-même s’arranger de manière à faire occuper et à neutraliser par la présence d’un grand nombre d’hommes légèrement blessés, tous les établissements situés en avant de sa ligne de

  1. Michaëlis, ouvrage cité.