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Page:Gustave Moynier - Etude sur la convention de Genève pour l'amélioration du sort des militaires blessés dans les armées en campagne (1864 et 1868).djvu/239

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COMMENTAIRE DE LA CONVENTION.

restitués. Ce n’est pas qu’en temps ordinaire ce consentement doive être difficile à obtenir. Quand l’un des belligérants, ne pouvant se retrancher ni derrière l’importance personnelle de ses prisonniers, ni derrière des convenances majeures, offrira à l’autre de lui rendre ses blessés, on ne voit pas trop en quoi cette libération, qui ferait la joie de ses ressortissants malheureux, lui nuirait, ni conséquemment pourquoi il s’y opposerait. La seule hypothèse qui a motivé cette restriction est celle d’une déroute. Les misères et les dangers qui assaillent le soldat dans des aventures de ce genre, l’incitent fortement à déserter, et si quelque chose peut encore retenir ceux chez lesquels le sentiment de l’honneur et du devoir est impuissant à soutenir le courage, c’est la crainte des peines qui les attendent lorsqu’ils rentreront dans leurs foyers, ou la perspective d’être réintégrés dans l’armée. Or si, malgré ce frein, l’armée française a eu des milliers et des milliers de maraudeurs sortis de ses rangs, après la bataille de Leipzik[1], on se demande avec effroi à quelles proportions ce fléau pourrait

  1. Thiers, Histoire du Consulat et de l’Empire, t. XVI, 630 et suiv.