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COMPLÉMENT DE LA CONVENTION.

des gens sans aveu qui, après une action meurtrière, s’abattent comme une nuée d’oiseaux de proie sur le lieu du combat. Cette écume de la société, inaccessible à la pitié, ne recule devant aucun crime pour s’emparer du butin qu’elle convoite. Ce n’est point là un fait exceptionnel, comme on serait tenté de le croire ; il est au contraire habituel[1].

Un chevalier de Saint-Jean, le baron de Schenk, après un séjour de sept semaines sur les champs de bataille de l’Allemagne en 1866, affirmait que le pillage en grand y était constamment pratiqué. « J’ai vu des blessés, disait-il, qui n’avaient presque plus rien sur eux, et une quantité de morts auxquels on n’avait pas même laissé leur chemise ; il ne m’est pas arrivé de trouver un seul sac dans lequel il existât encore la moindre des choses[2]. »

Le docteur Naundoff a consacré tout un chapitre[3] à décrire les êtres dégradés qu’il appelle les hyènes du champ de bataille. Ils sont plus redoutables encore, dit-il, que les animaux sauvages dont ils ont reçu le nom. La hyène, en

  1. Bardin, Dict. de l’armée de terre. — Confér. de Paris, II, 91.
  2. Erfahrungen aus dem Krieg, von 1866, p. 99.
  3. Unter dem rothen Kreuz, ch. xx.