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COMPLÉMENT DE LA CONVENTION.

plus pénibles sur le sort des disparus, de plonger leurs amis dans un doute qui se prolonge indéfiniment et que les recherches les plus actives ne parviennent pas à dissiper. Rien de plus poignant que la douleur de ces parents, de ces veuves, de ces orphelins cherchant en vain la trace de ceux qu’ils pleurent ; ils seraient, semble-t-il, à demi consolés, si on leur indiquait seulement la place où ils ont succombé, s’ils pouvaient déposer un souvenir sur leur tombe ou avoir tout au moins l’assurance que les derniers devoirs leur ont été rendus.

Ce mal a atteint des proportions insolites dans la guerre de 1866. D’après un tableau officiel, dressé à la fin de mars 1867, c’est-à-dire huit mois après les derniers combats, le nombre des disparus, pour l’armée autrichienne, s’élevait encore à 84 officiers et 12 277 sous-officiers et soldats, soit en tout 12 361 hommes ; c’était plus du tiers des morts vérifiés. À combien de perplexités ne dut pas correspondre un pareil chiffre ! Comment calculer aussi les suites légales et la perturbation dans les intérêts sociaux engendrés par une aussi énorme lacune dans les registres de l’état civil ! Le Gouvernement impérial s’en émut et le ministre de la guerre, dans une longue lettre, lue à la Confé-