vers. C’était tantôt une chose, tantôt une autre ; jamais tout à la fois, et la ration entière ne s’élevait pas à la moitié de ce qu’il aurait fallu pour maintenir un homme en santé. « Il n’y a pas d’expression pour peindre combien j’ai faim, » disait un de ces malheureux. Et un autre : « Je m’éveillai une nuit, et me surpris mâchant la manche de mon habit. » Un troisième : « Je pourrais parler toute une semaine sans arriver à dire ce que nous avons souffert. »
Une large plage entourait l’île, et cependant on ne permit jamais à plus de soixante-quinze hommes, par jour, de se baigner ; on les en voyait à l’eau par escouades de cinq ou six. Dans ces conditions, ils ne pouvaient se laver qu’une fois tous les six mois.
Beaucoup tombaient malades ; on attendait longtemps avant de les transporter à l’hôpital, et là ils n’étaient guère mieux soignés. La vaste tente d’ambulance, où on les recueillait d’abord, n’avait ni plancher, ni lits ; on les faisait coucher par terre sur de la paille, avec un morceau de bois pour oreiller ! Quand cette tente était pleine, on transportait les malades dans un des hôpitaux de Richmond. Mais là encore, que de cruautés barbares ! En voici un échan-