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APPENDICE.

le Sud, et l’on ne fit rien pour améliorer le sort des prisonniers. Ils essayèrent de tous les moyens pour combattre le froid ; ils se couchaient dans le fossé, entassés les uns sur les autres, et quelquefois au matin, au milieu de ces longues rangées, on voyait par terre des formes inanimées qui dormaient de leur dernier sommeil. Ils étaient morts gelés. D’autres se creusaient des trous dans le sable, d’autres marchaient et couraient toute la nuit pour essayer de se réchauffer ; et ce qui ajoutait à l’horreur de leur situation, c’est qu’ils étaient tous affamés. Le double fléau les consumait ; le froid était rendu plus insupportable par la faim, et la faim plus douloureuse par le froid ; ces deux vautours leur rongeaient la vie, et personne dans le Sud ne semblait s’en inquiéter. Une seule fois, au Congrès, un député au noble cœur voulut protester ; on l’écouta avec indifférence, et il n’y eut rien de changé. Le régime de la prison consistait en 13 ou 14 onces (180 à 200 grammes) d’un pain à moitié cuit, plein de grains, de paille ou de fragments de cosses, sentant le moisi ; une bouchée de viande ordinairement gâtée ; deux ou trois cuillerées de haricots pourris ; une soupe claire et saumâtre, sur laquelle on voyait flotter des