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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/125

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Mariannik dut alors expliquer à son cousin que la jeune fille, sans être absolument engagée par telle ou telle usine, s’y rendait de temps à autre, les jours et surtout les nuits de grand travail, à cause de toutes les chansons et de toutes les histoires qu’elle savait :

— Tu comprends, cousin, tant qu’il y a de la sardine, il faut qu’on reste debout ; on ne se repose que quand il n’y en a plus… Oh ! tu as oublié nos habitudes, au milieu de tes voyages ; mais, rappelle-toi, c’était déjà ainsi autrefois.

— Yvonne en sait des chansons, beaucoup, beaucoup !… Alors, on l’écoute, et cela chasse le sommeil ! — appuya l’innocente, abandonnant son cantique et dont les yeux clairs semblaient voir, au fond de la chambre, quelque chose d’invisible pour eux.

— Je travaille pour elle ! voulut insister le jeune homme.

— Cela ne la fatigue pas, va, garçon, et puis, c’est son seul amusement : laisse-la faire, conseilla le maître de port.

— Si c’est ainsi, mignonne !… termina-t-il câlinement, et des deux mains il fit un geste dégageant sa responsabilité.

Il se souvenait maintenant de ces belles époques de grosse pêche, où, jour et nuit, sans arrêter, tandis que les pêcheurs sont en mer ou reposent, les usines fonctionnaient avec leur population de