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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/134

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C’est la face souriante et franche du patron du canot de sauvetage qui lui apparaît d’abord, avec ses doux yeux bleus dans son visage cuivré, avec son grand air de santé et de force, avec sa grosse simplicité un peu rude, qui ne cache aucun dessous équivoque.

Elle l’aime pour sa carrure mâle, pour son honnêteté, pour sa force, pour son ardeur au travail, pour sa bonté, pour ce dévouement de tous les instants, qui est comme son essence, qui ressort de ses moindres actes, lui faisant risquer constamment sa vie pour sauver celle des autres. De l’admiration se mêle à son amour, une certaine fierté de devenir la femme de cet homme, à l’héroïsme si humble, si peu montré, dont elle apprécie mieux qu’une autre la grandeur et la beauté, à cause de l’éducation un peu plus relevée qu’elle a reçue et qui la met au-dessus des autres femmes de pêcheurs.

Certes, avec lui, elle aura à trembler, à craindre pour cette vie qui semble appartenir aux autres plutôt qu’à lui-même ; mais, elle aussi a le cœur haut placé, en vraie fille de la mer, et elle a confiance dans la chance, dans la vigueur de ce hardi lutteur de l’Océan, de cette âme insensible à la crainte, comme si quelque chose de ce courage se reversait un peu en elle-même.

Elle se complaît dans cette pensée qu’elle sera sa compagne, que c’est elle qu’il retrouvera au