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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/135

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retour de la pêche, et qui tiendra sa maison, qui contribuera à lui rendre l’existence heureuse et douce ; elle aura ainsi sa part de l’universelle estime dont jouit Corentin Garrec.

Une émotion très tendre glisse au fond de son cœur, à cette évocation de Tonton Corentin, le type du dévouement simple, de l’abnégation, sorte d’incarnation humaine du chien de Terre-Neuve, allant au danger, à la mort, ainsi que d’autres vont au plaisir ; Tonton Corentin, un admirable résumé de cette race de pêcheurs, race de granit, rude comme les dolmens, rude comme les roches de la côte, d’autant plus dures, plus fortes, qu’elles sont davantage battues par le fouet des lames, par le heurt terrible des grandes tempêtes.

Mais voilà que, sournoisement, en regard de celui-là, se dressait la figure troublante de Jean-Marie-Hervé, auquel son sobriquet macabre, le Revenant, ajoutait du mystère, rendant plus impressionnante sa personnalité, comme si, réellement, il fût revenu d’endroits que nul ne connaissait, qu’il rapportât le secret de choses presque sacrées, celles que personne n’a jamais sues et qui viennent d’au-delà de la Mort.

C’étaient des traits plus jolis, moins taillés à la hache que ceux de Corentin, une finesse de la peau sous le hâle, une façon plus coquette de la barbe blonde, des mains moins rudes, moins épaisses que les pauvres gros doigts raidis, cou-