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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/171

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de ces satanées brousses, qu’on n’y avait rien vu !… Les Russes, qui avaient tout laissé faire sans se montrer, pour mieux nous tenir, étaient là, embusqués à bonne portée !…

— Et vous, capitaine, où étiez-vous à ce moment-là ? questionna Marhadour.

— Moi !… Voilà mon tour qui vient, espérez !… Je commandais un des grands canots de débarquement et j’avais pris position à quelque distance de là, suivant l’ordre… Pouf ! pouf ! J’aperçois les nôtres qui dégringolaient la damnée coulline plus vite que ça, n’importe comment, même en se laissant glisser, et si vite, que quelques-uns n’avaient plus de fond de culotte en arrivant en bas !…

Un gros rire accueillit ce détail ; mais il cessa rapidement, l’attention était mordue.

— … Diable ! diable ! que je me dis : mauvaise affaire !…, De là où je me tenais, j’apercevais très distinctement les Russes avec leurs chemises rouges, se faufilant d’arbuste en arbuste, et lâchant à leur aise leur coup de fusil, comme à la cible ! Ça crevait le cœur de voir cette chose !… Pan ! pan ! pan ! Ça pleuvait dur, sans arrêter !… Je dis à mes hommes : « C’est pas tout ça, on ne peut pas laisser faire ! Malgré que j’aie pas d’ordres, allons chercher les nôtres, ou ils vont y passer tous !…

Des grognements d’approbation saluèrent cette décision, et un moussaillon lança :

— Bravo, l’Ancien !…