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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/172

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Le maître de port, encouragé, redressant un peu les épaules, expliqua :

— Faut vous dire que ceux-ci, en dégringolant la coulline, n’étaient plus à la place où on les avait débarqués ; ils avaient dévalé pas mal sur la gauche, et il s’agissait d’aller les retrouver de ce côté. Mes six hommes empoignent les avirons, et, en route !… Mais, voilà-t-il pas qu’en passant devant une petite crique de pas grand’chose, comme qui dirait celle que vous voyez là-bas, vers la Mort anglaise… hein ? Tenez !…

Sa main droite signalait le long de la côte, avant d’arriver à Trez-Rouz, un des points fameux de l’anse de Camaret, rappelant la complète défaite de l’escadre anglaise commandée par l’amiral Berkley, ainsi que celle des troupes de débarquement du lieutenant général Talmash, sous Louis XIV.

— …Vlan ! vlan !… une décharge effroyable nous crache dessus !… Des Russes, quoi, s’étaient embusqués derrière sans crier gare !… Ah ! mes amis, sur sept que nous étions, il en tombe cinq raides morts !… Dame ! nous étions embarrassés, que je vous dirai. Comment faire ? On ne pouvait rester là sous le feu de ces Russes, vous me croyez ? À deux c’était pas commode non plus de manœuvrer ce grand diable de canot… Enfin, tout de même, nous nous y mettons, l’homme et moi !… Par là-dessus nous arrive du renfort inattendu. Quelques-