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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/180

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Le soir même, vers minuit, profitant de la marée et du temps très calme, avec une jolie brise, il avait pris la mer, disant qu’il sortait pour quelque temps, peut-être vingt-quatre heures, allant pêcher la raie du côté de la pointe de Brézellec, du Raz de Sein.

Le dimanche matin il n’était pas encore de retour, et maître Guivarcʼh avait comme une inquiétude vague, causée par cette longue absence, surtout après la tentative de conversation qu’ils avaient eue le vendredi.

Aussi, allant et venant sur le port, causant avec l’un, riant avec l’autre, essayait-il de s’étourdir un peu à ce sujet, et de ne plus penser à ce neveu.

Personne n’y voyait rien, si bien que Marhadour, à la fin du récit de Guivarcʼh, remarqua :

— Il est fameusement en train, le capitaine !

Une cloche carillonna joyeusement dans le haut du bourg, annonçant la fin de la messe. Des bandes de femmes, en toilettes de fête, commencèrent à déboucher de la rue centrale, envahissant le quai, qu’on appelle aussi le Notic.

Le soleil mettait une gaieté dans ce mouvement des coiffes blanches avec leur fine broderie à jour posant à plat sur les cheveux lisses partagés en bandeaux corrects ; toutes avaient sorti leurs jupes neuves, le grand châle tombant en pointe derrière et le coquet tablier de soie changeante, avec sa