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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/181

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pièce montante épinglée sur la poitrine, par-dessus le châle croisé.

Des jeunes filles se promenaient, se donnant le bras, tenant presque la largueur du quai, et des rires éclataient, des mots de joie, des appels, des interpellations, quand elles rencontraient un de ces groupes de pêcheurs immobiles, à causer d’affaires du métier, ou une file de jeunes gens tapageurs, fumant des cigares.

Mariannik, plus grave, ses yeux noirs baissés, se dirigea directement vers le bureau du port pour y déposer son livre de messe et s’occuper du repas ; mais Yvonne qui la suivait, entourée de bambines de six à douze ans, pendues à ses jupes, dit :

— Je vais à la chapelle.

— Bon dépêche-toi, mon cœur, nous t’attendrons pour nous mettre à table.

Les fillettes criaient :

— Oui, oui, tout à l’heure, nous te la ramènerons, Marie-Anne ! Elle nous a promis l’histoire de la bonne Dame de Roc-Amadour.

L’innocente, un sourire aux lèvres, ses yeux clairs enveloppant les enfants ou se portant là-bas, de l’autre côté du port, baissa à plusieurs reprises la tête et se laissa entraîner, chantant à mi-voix un cantique, qui était comme un dernier parfum, persistant en elle, de la cérémonie religieuse à laquelle elle venait d’assister.