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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/190

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certaine curiosité s’éveille autour de la barque d’Hervé, curiosité encore avivée par l’espèce de mystère continuant, pour beaucoup, à flotter sur lui, à l’envelopper, et que ce surnom de Revenant souligne d’une pointe macabre, funèbre, bien en rapport avec l’esprit facile aux légendes de ces populations de Bretagne.

Une satisfaction se trahit sur les visages trempés de pluie des hommes de l’équipage, et Pierrik, les dents au vent dans un large rire de plaisir illuminant son museau de singe, regarde les gens du quai avec des grimaces contentes.

— Y a du poisson ! La cale est pleine ! — observe le père L’Étoupe.

— Pas étonnant après quatre jours de pêche !… Hé ! Le Revenant, c’est-y d’Amérique que tu arrives ? — questionne narquoisement Marhadour occupé à fixer dans un anneau scellé au quai l’amarre que vient de lui lancer Kerbonn.

Hervé ne répond pas ; le nez baissé, tournant le dos, il range ses engins de pêche et on ne voit de lui que sa casaque cirée qui ruisselle, ses pantalons luisants et le couvre-nuque dégouttant d’eau de son suroît.

Marhadour, ébahi, cligne de l’œil à Kerbonn, qui n’ose rien dire, les yeux tout ronds, un haussement d’épaules ayant l’air de signifier :

— Je ne sais pas ce qu’il a.

Quand le patron se décide enfin à montrer son