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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/218

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ou d’un gwilou venant traverser leurs cercles concentriques.

Ils arrivaient à causer de tout, du beau temps qu’on avait, d’un pêcheur qui avait fait bonne pêche la veille, des torpilleurs venus en rade la semaine précédente ; de Bernadine, la fille au vieux Moal de Kerlocʼh, si riche et si avare ; d’un gros cuirassé passant au large, de la moisson qui promettait déjà et d’une infinité d’autres choses, où se délayait, se perdait, s’engloutissait la seule qu’ils eussent désiré se dire, s’avouer.

Une petite barque, à l’ancre près des roches Portz Naïl et Portz Corven, entre le Grand-Gouin et le Toulinguet, au fond de l’anse de galets, attira les yeux de Mariannik :

— Ce n’est pas le père l’Étoupe qui pêche là ! Tiens ! on lui a pris sa place !

Corentin regarda, et fronça un peu les sourcils, en reconnaissant la disposition du mât couché à l’arrière, entre les deux avirons, et supportant le milieu de la voile qui formait tente, retombant de chaque côté :

— Non, c’est un Ker-hor, du mauvais monde ?

— On ne les aime pas par ici ! répondit la jeune fille.

— Dame ! des pillards de la mer ! Ils ravagent la côte, dévastent les casiers, volent le poisson et parfois les filets : une fameuse engeance !

Pas en odeur de sainteté à Camaret ces pêcheurs