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Page:Gustave Toudouze - Péri en mer, 1905.pdf/219

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de la rivière de Landerneau, du village de Ker-hor, dans les terres. Tous vont à la pêche, vivent complètement sur l’eau ; chez eux, toute fille, à partir de treize ans, doit venir habiter sur le bateau, où elle sert de mousse et de barreur, couchant la nuit dans un sac fermé au cou : elle ne descend plus à terre que lorsqu’elle atteint sa vingtième année. Aucune fille de Ker-hor ne pourrait se marier sans avoir fait cet apprentissage.

Mariannik ne l’ignorait pas ; elle demanda, pour rire :

— Une fille comme ça qu’il vous faudrait pour femme, peut-être ?

Corentin secoua la tête, égayé par l’idée, et répliqua :

— Pas de si loin ; oh ! non…

Son regard se fit si expressif que la jeune fille en sentit un secret tressaillement de plaisir.

Elle se retourna, au moment où ils arrivaient à la crête extrême de la falaise, le point culminant, d’où la vue tombe à la fois sur Camaret et sur l’Atlantique. Quelques instants ses yeux errèrent sur le petit port qu’on voyait en dessous, bien enfermé par l’étroite langue de terre, se détachant du Styvel, près du canot de sauvetage, pour s’élargir vers son extrémité, afin de recevoir la chapelle de Notre-Dame de Roc-Amadour et le fortin de Vauban, avec l’étroite jetée qui conduit au phare.