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L’eau calme miroitait, toute zébrée de traînées luisantes, de plaques métalliques où se réverbérait le soleil, et les barques se détachaient, très noires, le bec tourné vers le nord-est, indiquant ainsi naturellement d’où venait le vent. De l’une d’elles montait une musiquette grêle et sauvage, qui venait mourir en sons affaiblis jusqu’à eux, un air de biniou donnant des chatouillements de danse : sans doute quelque jeune pêcheur flûtait un de ces airs bretons, d’un effet si original, si doux sous la gaze légère embrumant encore les maisons du port, les herbes de la falaise, les lointains de Quelern.

— Je ne vois pas la Corentine ! dit-elle malicieusement. La reconnaîtriez-vous ?

Garrec eut un sourire confiant, et, tendant sa main hâlée :

— Pas besoin de chercher ! Tenez, là, juste au bout de mon bras, du côté de cette musique que vous entendez, en face la maison de tante Rosalie.

La jeune fille mima une moue coquette :

— Vous ne m’avez pas reconnue aussi vite !…

— Oh ! vous !… vous !…

Une adoration profonde tremblait au fond de ses prunelles et il eut comme un élan vers elle.

Plus rapidement elle l’entraîna :

— Je suis pressée, vous savez, ces pauvres Le Guen…

Il descendit à côté d’elle, son doigt toujours lié à celui de Mariannik, s’engageant sur le sentier